La construction du « bien-être » comme catégorie d’action publique en éducation : essai de problématisation sociologique à partir du cas de la Communauté française de Belgique" par Marie Verhoeven (UCLouvain)
L'équipe du projet ERC CoachingRituals a le plaisir de vous inviter à la prochaine séance de son séminaire, le mercredi 24 avril 2024. Nous aurons le plaisir d'accueillir Marie Verhoeven (UCLouvain) pour une communication intitulée : "La construction du « bien-être » comme catégorie d’action publique en éducation : essai de problématisation sociologique à partir du cas de la Communauté française de Belgique"
Inscription gratuite mais obligatoire ici
Horaire : de 10h00 à 12h30
Local : salle du Conseil
Résumé : "Cette intervention a pour objectif de documenter la montée du « bien-être » à l’école en tant que catégorie d’action publique en Belgique francophone et d’en proposer une problématisation sociologique au carrefour de plusieurs perspectives théoriques, dont il s’agira de discuter les présupposés ainsi que les intérêts et limites respectifs.
Depuis les années 2010, dans le domaine de l’enseignement comme dans d’autres secteurs, la référence au « bien-être» s’est constituée comme enjeu d’action publique et a donné lieu à la multiplication de dispositifs et d’opérateurs, intervenant dans ou à la périphérie de l’école. Dans une première partie, nous tâcherons d’en retracer la genèse, depuis les référentiels internationaux (OCDE) ayant propulsé le bien-être, la qualité de vie mais aussi le développement des « compétences sociales et affectives » des élèves à l’école comme objets de gouvernance des systèmes éducatifs, jusqu’à l’espace local de la FWB, où, surtout depuis le décret « missions » et les décrets portant sur la prévention des violences et du décrochage scolaire, la notion de bien-être s’est vue progressivement affirmée et instrumentée. Nous montrerons que le « bien-être » opère comme une catégorie-pont entre les logiques de différents secteurs, de plus en plus amenés à collaborer en réseau; il constitue en même temps une catégorie mobilisatrice sémantiquement ambivalente qui induit de penser le sujet (bénéficiaire de ces politiques) dans sa globalité (approche holiste et multidimensionnelle), tout en ouvrant la porte à des investissements de sens multiples. Nous nous arrêterons aussi sur la manière dont le récent Pacte pour un Enseignement d’Excellence s’est saisi de cette catégorie tout en lui assignant de nouvelles significations, en l’inscrivant dans un double référentiel (inclusion/efficacité) (Maroy, 2018), mais aussi en en faisant un objet de régulation performative (pilotage par objectifs, indicateurs de mesure, instrumentation). Enfin, nous verrons que cette catégorie est désormais fortement associée à la notion de climat scolaire, qui présuppose une action conjointe sur les individus, sur les environnements organisationnels et sur les relations sociale. Ces éléments de contexte nous amènerons, dans une seconde partie, à proposer quatre pistes d’interprétation sociologique distinctes des mutations observées : l’éducationnalisation (De Paeple & Smeyers, 2016) du bien-être ; la « rationalisation » du bien-être (Verhoeven, 2012 ; Mangez et Vandenbroecke 2019); les transformations de la forme scolaire (décloisonnement/désectorialisation) et les nouvelles divisions du travail socioéducatif (Verhoeven, 2011); la montée de la logique de l’affordance dans les organisations éducatives (Genard, 2015). Ces pistes de problématisation nous permettront d’entrer en dialogue avec les récents travaux de l’équipe ERC (Marquis et al, 2024) autour des différentes figures de l’individu autonome qui sous-tendent les logiques éducatives aujourd’hui."