Soutenance publique de sa thèse, par Sophie De Spiegeleir
Horaire : 28 mars, à 16h00
Lieu : salle des examens (entrée Bvd du Jardin botanique 43 - 1000 Bruxelles)
Résumé : Qu’est-il attendu des personnes sous mesure d’internement dans la perspective de leur réinsertion sociale et comment celle-ci est-elle envisagée ? En Belgique, l’internement est une mesure de sûreté restrictive ou privative de liberté pour les personnes ayant commis une infraction pénale et qui, en raison d’un trouble mental présent au moment de la décision judiciaire, sont déclarées irresponsables de leurs actes. Encadrée par la loi du 5 mai 2014 relative à l’internement entrée en vigueur le 1er octobre 2016, cette mesure poursuit un double objectif : protéger la société d’individus présentant un potentiel de dangerosité et leur dispenser les soins nécessaires afin de préparer leur réinsertion. Fondée sur une rationalité hybride entre soin et sécurité, la mesure s’organise aujourd’hui autour d’un « trajet de soins » (TSI) au cours duquel il est attendu que la personne internée devienne (plus) autonome en prévision d'un retour dans la société. Ce trajet se concrétise autour d'un travail d'autonomie qui prend place principalement au moment de la libération à l'essai, phase probatoire de la mesure, lors de laquelle la personne internée intègre des lieux de soins en santé mentale qui présentent un niveau de sécurité plus ou moins élevé. Puisant dans la sociologie des professions et la sociologie des pratiques d’aide et de soin, et sur la base de deux terrains ethnographiques (observations et entretiens) auprès de deux unités psychiatriques médico-légales et d’une équipe mobile TSI, la thèse interroge la préparation à la sortie de l’internement. Deux pans de ce travail sont abordés : d'une part, l’analyse des pratiques d'évaluation de l'autonomie et du niveau de réinsérabilité de la personne internée fait apparaitre que l’autonomie, évaluée de façon clinique ou psychométrique, est mise en tension avec la notion de dangerosité et revêt une dimension foncièrement morale. Et d'autre part, l'enquête se penche sur les pratiques d'intervention des équipes professionnelles qui ont recours à des formes graduées de contrainte, mobilisant notamment l'usage de la sanction, dans le but de rendre les personnes internées suffisamment autonomes. Il ressort que le contexte social et institutionnel de l'internement pèse considérablement sur ces pratiques, ce qui met souvent à rude épreuve le travail des professionnels. Ces derniers sont amenés à repenser continuellement, à nouveaux frais, le cadre de leur activité.
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