"Rites d’institution et rites de délégation. A propos de deux régimes d’intervention sur autrui" - par Albert Ogien
Lors de la prochaine séance du séminaire du projet de recherche ERC CoachingRituals, le 26 avril prochain, nous aurons le plaisir d'accueillir Albert Ogien, Directeur de recherche au CNRS et membre du CEMS-EHESS.
Voir le site web du projet CoachingRituals
RÉSUMÉ DE L'INTERVENTION
Je voudrais discuter la pertinence de l’établissement d’une distinction entre des pratiques rituelles dont la fonction est d’instituer une obligation (sociale, logique et hiérarchique) dont le non-respect est sanctionné de celles qui consistent à prescrire la réalisation d’exercices à des individus qui doivent, s’ils veulent voir la promesse d’une autonomie augmentée se concrétiser, s’astreindre à les accomplir de façon appropriée sous le contrôle bienveillant du prescripteur. Dans le premier cas, on peut parler de “rites d’institution” qui reconduisent la légitimité d’un ordre dominant ; dans le second, de “rites de délégation” qui, dans le cadre d’une relation de service de nature privée, font valoir une sorte d’ “idéal du moi épanoui” qui serait le propre à une société individualiste-libérale.
Dans les deux cas, un rapport asymétrique s’instaure entre un tuteur et son apprenti. Mais cette asymétrie n’induit pas le même type de relation. Le travailleur social qui entend corriger les erreurs de parents maltraitants pour juger l’opportunité d’un placement, l’enseignement qui note les élèves et détermine leur carrière scolaire ou le psychiatre qui pose un diagnostic sur un patient ne se trouvent pas dans une situation identique à celle du coach qui guide le parent vers les bonnes pratiques éducatives, valorise les compétences d’un enfant, améliore les performances d’un sportif ou propose une voie vers le bien être mental.
En spécifiant le régime épistémique de chacune de ces deux modalités d’intervention sur autrui, la distinction entre rites d’institution et rites de délégation permet de préciser ce à quoi renvoie celle qui repose sur la croyance partagée dans l’existence d’un potentiel caché dont la découverte et la mobilisation stimulerait la capacité personnelle à se perfectionner.
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